La culture alimentaire à l'épreuve de la migration. Conséquences pour les politiques alimentaires

Principal investigator Evelyne Ribert (Principal Investigator)
Description
La connaissance de l’alimentation des migrants en France est encore très limitée. Pourtant elle constitue un enjeu important pour une meilleure compréhension mutuelle des populations, pour l’économie agroalimentaire et pour les politiques de santé publique et d’action sociale. Les objectifs de cette recherche sont de caractériser les styles alimentaires (systèmes de pratiques, d’attitudes, de normes et de représentations) et d’évaluer le bien-être alimentaire des Marocains et des Maliens, en France et dans leurs pays d’origine. Ces groupes sont largement représentés dans la population migrante vivant en France. Ils commencent à être étudiés, dans leurs pays d’origine, par deux des partenaires du projet, ce qui a contribué au choix de ces deux pays. Ils vivent des mutations rapides dans leurs modes de vie et d’alimentation, tant en France que dans leurs pays d’origine. Dans les deux cas, leurs conditions de vie sont souvent précaires, ce qui les rend particulièrement vulnérables à certains risques de santé (carences, obésité et pathologies). Au-delà des migrants, cette recherche vise à comprendre les mécanismes de recomposition, d’agencement, de métissage, voire d’abandon des normes dans un environnement caractérisé par leur multiplicité. Il s’agit également d’évaluer les effets d’une individualisation croissante des choix et des pratiques alimentaires, à l’œuvre au niveau global. Même si ces processus sont particulièrement visibles chez les migrants, ils sont aussi révélateurs des dynamiques alimentaires de la société française dans son ensemble. La complémentarité des approches qualitative (entretiens individuels, « focus group », observation in vivo) et quantitative (enquêtes par questionnaire auprès de 3000 individus au total en milieux rural et urbain au Maroc, au Mali et en France) permettra de couvrir une diversité de situations et autorisera des comparaisons à valeur de représentativité statistique. La démarche comparatiste entre pays d’origine et de résidence est en outre très peu courante en sciences sociales appliquées à l’alimentation. Le regard pluridisciplinaire de l’équipe, composée de sociologues, d’économistes et de nutritionnistes, spécialistes des pays du Nord et du Sud, renforcera la robustesse scientifique de la recherche. Les apports scientifiques sont doubles. D’une part, cette recherche viendra enrichir un corpus scientifique non constitué sur les liens entre alimentation et migration. D’autre part, le projet ambitionne de développer un questionnaire sur les représentations, les pratiques alimentaire et les indicateurs du bien-être alimentaire, intégrant à la fois des caractéristiques objectives (comme les indicateurs anthropométriques), mais aussi des indicateurs plus subjectifs, renvoyant aux affects associés aux expériences vécues en lien avec l’alimentation. Les résultats obtenus contribueront à la définition des politiques d’alimentation (attentes et besoins spécifiques en termes de produits, de qualité de l’offre, demande pour les aliments ou plats ethniques,...), de santé publique et de nutrition (éducation, communication) et d’action sociale (dialogue, intégration,..). Les enquêtes menées au Maroc et au Mali fourniront également des informations novatrices sur la sécurité alimentaire et ses déterminants, utiles à la fois pour les pouvoirs publics de ces pays et pour les institutions de coopération internationale et d’aide au développement.
Year 2008

Taxonomy Associations

Migration processes
Migration consequences (for migrants, sending and receiving countries)
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