Description |
L’objectif du programme est de revenir sur le présupposé courant en Europe selon lequel les migrations intra-européennes s’inscriraient dans une circulation accrue à travers l’Europe tandis que les migrations dites encore ” post-coloniales “ seraient principalement bipolaires, reposant sur des liens historiques et inscrites dans le temps long. Partant du postulat selon lequel cette représentation est due à un biais temporel, nous proposons d’interroger la nature des migrations actuelles au départ du Maghreb, en particulier de la Tunisie, et leurs conséquences sur le tissu social dont elles sont issues.
Ce phénomène est analysé dans le cadre des mutations sociales et politiques qui ordonnent et contraignent ces flux. Coté Nord, la création de l’espace Schengen incite les migrants à se positionner sur un marché de l’emploi plus vaste. Les parcours migratoires et les réseaux sociaux mobilisés sont en ce sens des objets de recherche privilégiés. Coté Sud, en Tunisie les révoltes qui ont conduit au départ du dictateur et la transition politique qui s’en suit dessine un nouvel horizon socio-politique, dont les départs clandestins ne sont qu’un aspect.
Dans ce contexte en mutation, nous étudions l’implication des migrants dans le développement local de leur pays d’origine.
D’autre part, face au problème démographique et à la mondialisation de l’économie, la plupart des pays ouest-européens se tournent aujourd’hui vers une reprise de l’immigration temporaire de travail supposée servir également le co-développement au Sud. Dans cet esprit, des accords internationaux de gestion des migrations ont été signés; il nous appartiendra d’étudier leur mise en oeuvre et leurs conséquences pour le pays d’origine.
A partir de plusieurs régions d’enquête (le Sud-Est ; le Nord-Ouest et le Sahel tunisien), nous voulons mettre au jour les différents modèles migratoires que connaît actuellement ce pays (migrations pendulaires, informelles, sur contrats, par mariage, etc). On interroge le lien entre ces différentes formes migratoires et le développement local. Au-delà de la seule question économique, on analyse les causes et les effets de ces mouvements sur les unités sociales concernées, portant une attention particulière aux questions de reconnaissance sociale, aux rapports de pouvoirs, aux relations de genre et aux processus d’identification.
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