Médiations Linguistiques et interculturelles en contexte de Migrations Internationales

Principal investigator Yasmine Bouagga (Coordinator)
Description
Le projet LIMINAL porte sur les interactions et les médiations entre migrants et acteurs institutionnels, associatifs et informels en situation de crise migratoire et humanitaire, telle que celle-ci se développe en France depuis 2015 (multiplication de campements, camps, centres d’accueil et d’hébergement). L’équipe pluridisciplinaire étudie la spécificité des interactions dans les langues parlées sur les terrains majeurs de de la migration (Ile-de-France, Haut-de-France, vallée de la Roya). Etudier les situations d’interaction et de médiation : un impact social majeur Le projet LIMINAL se présente comme une recherche-action en terrain sensible, traitant avec une population d’exilés dans des situations de contrôle, de transit ou d’installation. Il répond à un besoin exprimé par les acteurs professionnels et associatifs. Le projet repose sur plusieurs hypothèses dont (i) la spécificité des interactions et médiations en situation migratoire d’urgence, (ii) l’impact des contextes institutionnels et informels sur les situations de médiation, (iii) la centralité des interprètes–médiateurs dans les dispositifs d’accueil des migrants, (iv) la nécessité de développer des outils d’information et de formation adéquats en réponse aux demandes récurrentes des acteurs sociaux. Grâce à la collecte de données anthropologiques et sociolinguistiques sur les terrains, puis grâce à l’analyse de données verbales et non verbales, textuelles, sonores et audiovisuelles, LIMINAL a pour objectif : (i) la constitution d’une plateforme numérique multilingue à partir de données lexico-terminologiques sur des populations migrantes et sur leurs usages des langues dans des situations d’urgence (ii) le lien du corpus lexical avec un corpus audiovisuel sur les situations d’interaction et de médiation autour de situations clés ponctuant la vie des migrants, (iii) la création d’outils scientifiques et pédagogiques pour la formation des interprètes-médiateurs (élaboration de modules, de glossaires et de lexiques, traduction des livrets d’accueil pour demandeurs d’asile dans le bon niveau de langue, création d’un diplômes universitaire professionnalisant les médiateurs), (iv) la production et la diffusion d’une recherche originale qui présente une nouvelle méthodologie en anthropologie de terrain sur les migrations, à partir de corpus inédits (inscriptions des exilés dans les centres d’accueil, réflexion sur l’urgence de l’accueil, analyse de récits de vie dans les langues de la migration peu traduites). Les enjeux méthodologiques de l’ANR LIMINAL sont (i) l’adoption d’une méthodologie propre aux terrains sensibles au travers d’une approche pluridisciplinaire en binôme (anthropologues-sociologues et sociolinguistes) à plusieurs échelles d’analyse ; ?(ii) la création d’outils numériques originaux (base lexicale en lien avec les données audiovisuelles issues du terrain) pour l’analyse d’un lexique de la migration et d’une possible langue de la migration; (iii) l’adaptation de ces outils et ressources numériques pour l’analyse, le traitement, la conception et la diffusion de données; (iv) la validation des résultats avec les travailleurs sociaux et associatifs, mais aussi avec les exilés, lorsqu’ils sont usagers (par exemples guides pour demandeurs d’asile). L’ANR LIMINAL développe ainsi une nouvelle méthodologie de l’anthropologie interactionniste, en écho à l’interactionnisme sociologique de E. Goffman, qui prend racine dans l’expérience de terrain et dans l’échange verbal et non verbal. Ceci présente deux caractéristiques : d’une part, la dimension réflexive au cœur de la dynamique de l’enquête dans la mesure où la présence du chercheur et ses représentations modifient l’interaction, d’autre part la production de nouvelles catégories de sciences sociales pour rendre compte de l’expérience de terrain que construisent ensemble les acteurs. Les premiers résultats de l’ANR LIMINAL (à mi-parcours) sont de 4 ordres : (i) L’étude a dévoilé l’émergence d’un vocabulaire de la migration, spécifique et trans véhiculaire. Une lingua franca s’est ainsi mise en place, constituée d’acronymes, de mots adaptés aux contextes spécifiques des lieux et des étapes de la procédure de demande d’asile, aux langues employées, aux statuts des concernés. (ii) LIMINAL a mis au jour un corpus multilingue jusqu’à présent non étudié, celui des inscriptions, tags et graffitis des demandeurs d’asile dans les centres d’accueil et d’hébergement et les campements. Les subjectivités qui s’y expriment, au croisement des champs du politique, du religieux, du nostalgique et du projectif apparaissent particulièrement riches en termes de contenu et de données linguistiques. (iii) Les recherches menées ont conduit à préciser le rapport entre langues, interactions, médiations (et profils des médiateurs) et conjointement ont donné lieu à un renouvellement méthodologique et conceptuel, ce qui permet des publications scientifiques originales (5 ouvrages prévus dont 1 livré). (iv) Les recherches ont révélé la nécessité tant au niveau des acteurs concernés (les exilés) que des institutions (associations, programmes d’accueil et d’insertion) de valoriser les locuteurs multilingues et de professionnaliser les médiateurs, d’où la nécessité de créer des outils pédagogiques originaux (Diplôme universitaire sur les médiations par exemple) et scientifiques en ce sens.
Year 2017

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