Migration et offre de travail quand la culture compte

Principal investigator Simone Moriconi (Principal Investigator)
Description
N’ayant jamais cessé de croître en Europe ces dernières décennies, l’immigration peut être moteur d’enrichissement de l’offre de travail des pays d’accueil. Elle accroit, par exemple, la diversité des compétences sur le marché du travail, augmentant en cela la productivité moyenne des travailleurs et créant de nouvelles opportunités d’emplois pour les natifs. Offrir son travail est une décision concomitante à d’autres grandes décisions familiales tel que se marier, avoir des enfants et si oui combien, mais aussi comment éduquer ces enfants et comment se partager les tâches domestiques. Cette concomitance façonne immanquablement la contribution des migrants à leur économie de destination puisque chacun des choix qui la construisent s’enracine dans les valeurs, les croyances et les préférences des populations migrantes. Ces valeurs, ces croyances et ces préférences émergent de la "culture" des individus qui, en accord avec la définition de Fernández (2009), comprend l’ensemble du savoir commun, de la compréhension et des pratiques d’une population. L’importance de la culture dans les décisions économiques n’est plus aujourd’hui un sujet de polémique. Les préférences pour le loisir en opposition au travail ou la consommation, l’altruisme ainsi que les croyances quant aux rôles des hommes et des femmes au sein de la famille et le marché du travail sont admis comme des déterminants essentiels de l’offre de travail. Cependant, la manière dont ces facteurs culturels sont pris en compte dans les modèles estimant l’effet de long terme de l’immigration sur l’offre de travail en Europe demeure largement insatisfaisante. L’objectif du projet “Migration And Labor supplY wheN culturE matterS” (MALYNES) est de proposer un cadre général qui permette de prédire les futurs effets de l’immigration sur l’offre de travail au sein de l’Union Européenne. Afin d’y parvenir, nous modéliserons les décisions d’offre de travail d’individus dont les préférences et les valeurs sont façonnées par leur culture d’origine et de destination. Nous définissons ici un migrant comme un individu dont le pays de résidence diffère de son pays d’origine et par symétrie, un natif sera résidant dans son pays d’origine. En accord avec la littérature récente, nous identifions le pays d’origine d’un migrant par le pays de naissance de la première génération de ses ancêtres qu’il nous est possible d’observer (ses parents, grand-parents,…). MALYNES poursuivra son objectif général à l’aide d’une stratégie en trois étapes. Nous chercherons d’abord à déterminer les scénarios futurs quant à la mobilité des travailleurs et la migration en Europe, deux phénomènes qui dépendent grandement du support politique que recevront les politiques migratoires. Ensuite, nous appliquerons les techniques empiriques de l’économie de la culture (approche épidémiologique) aux données d’enquêtes sur l’utilisation des temps des ménages Européens (Time Use Surveys) ainsi qu’aux données de registre. De cette manière, nous parviendrons à dériver une cartographie interculturelle des préférences et valeurs qui affectent l’offre de travail des individus, la plupart d’entre elles étant attachées aux comportement familiaux. Enfin, nous développerons une théorie quantitative de l’impact des migrations sur l’offre de travail. Ce modèle incorporera les différences culturelles comme un des ingrédients majeurs des comportements de mariage, de fécondité et d’utilisation des temps des familles migrantes et natives. Nous estimerons les paramètres de ce modèle dans un grand nombre de pays Européens à l’aide de l’économétrie structurelle (Méthode des Moments Simulés).
Year 2019

Taxonomy Associations

Migration processes
Migration consequences (for migrants, sending and receiving countries)
Migration governance
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