Pôles Urbains

Principal investigator Yvette Vaguet (Principal Investigator)
Description
Ce projet a pour objectif scientifique d’apporter de la connaissance sur la ville avec un angle original, celui de la ville arctique. En particulier, il conviendra de clarifier la question de savoir s’il est légitime de parler de villes arctiques sans plonger dans un déterminisme latitudinal. Autrement dit, peut-on identifier d’autres dénominateurs communs pour légitimer une appellation se référant d’abord aux contraintes zonales ? Ne convient-il pas d’apporter des nuances basées sur le processus d’urbanisation, la mobilité des populations et le degré d’appropriation territoriale ? L’objet de recherche est en soi d’une grande originalité au niveau national et international. Compte tenu des enjeux liés au développement à venir de la zone circumpolaire, le projet offre un grand potentiel d’avancée. La communauté scientifique internationale commence seulement à ressentir le besoin de recherches sur la ville boréale comme objet de recherche (2012, First International Conference on Urbanisation in the Arctic, Groenland). En 2014, un consortium de géographes américains s’est vu attribuer une subvention de la National Science Foundation (NSF) afin de construire un réseau de recherche pour la promotion de la ville durable en Arctique russe. La population boréale, évaluée à près de 4 millions d’habitants, est d’ores et déjà majoritairement urbaine présentant des taux d’urbanisation supérieurs à celui de la planète (52%, source : Banque mondiale) et supérieurs au reste de leurs territoires nationaux. C’est le cas en Russie, pour sept des dix districts fédéraux septentrionaux qui présentent les maxima de la zone polaire (ex : Magadan, 95,6%). On observe une croissance à la fois du nombre de villes arctiques et de leur poids démographique et économique. Cette tendance se renforcera par les effets conjugués de l’accroissement naturel, des migrations régionales et transnationales stimulées par le développement de l’exploitation des ressources naturelles et du trafic maritime, eux-mêmes stimulés par le changement climatique. Cependant, le renouvellement du peuplement, dans un cadre essentiellement urbain, créée-t-il une identité nouvelle ? Un sentiment d’attachement à ces espaces pionniers ? Dans un contexte de faible densité, sommes-nous en présence de l’émergence de villes- îles, mieux reliées au centre national, souvent non polaire, qu’elles ne le sont entre elles ou avec leur espace régional ? Ce projet nécessite de commencer par (ou plutôt revenir à) la définition de la ville. Celle-ci fait bien souvent appel à des critères quantitatifs : seuil de population, continuité du bâti, seuil maximum d’actifs relevant du secteur primaire, pour ne citer que les plus usuels. Ceux-ci sont éventuellement complétés par le profil économique, l’aire d’influence de la ville… Ils sont présents dans la définition issue de la Conférence de Prague (1966) et celles des appareils statistiques nationaux sur lesquelles s’appuie la Banque Mondiale. Cependant, à ceux-ci font écho d’autres critères plus qualitatifs concernant le mode de vie et l’ancrage territorial des habitants. Ces définitions découlent de longs et fructueux travaux menés sous les latitudes moyennes et/ou tropicales. Les hautes latitudes sont le théâtre de la tendance globale forte de l’urbanisation mais celle-ci y est encore très récente et correspond mal à nos modèles usuels – notamment dans la différence entre l’urbain et le rural. Le bassin arctique, de par sa dimension internationale, présente une pluralité de définitions de l’urbain qui constitue en soi un handicap pour une compréhension régionale du phénomène. Le projet partira d’un inventaire des lieux habités pour analyser leur dynamique démographique sur le long terme et aboutir à une réflexion sur l’urbain. L’approche comparative du fait urbain en Arctique permettra d’interroger la ville boréale, de l’échelle du bassin arctique au zoom sur quelques villes-tests. Le projet comporte deux questionnements croisés : a) ville durable et b) mobilité des populations. Thème Ville durable : la ville polaire est-elle soutenable ? Elle est à risque parce que souvent intégrée dans l’espace mondial comme périphérie extractive, son existence au-delà des réserves de la ressource naturelle se pose en termes brûlants. La nouvelle donne climatique l’expose à des risques majeurs (fonte du permafrost, inondation fluviale ou marine). Malgré ce contexte partagé, il existe une inégalité de dynamisme des territoires urbains qui questionne les gouvernances et les déséquilibres spatiaux. Il s’agit ici d’une analyse prospective de l’adaptabilité et de la vulnérabilité des structures urbaines au double enjeu du changement climatique et des mutations sociologiques majeures. Il faut interroger la capacité des Pôles URbains à se maintenir, notamment en diversifiant leur économie et en s’assurant de l’appropriation territoriale de leur population. Les questions d’intégration socio-spatiale des néo-urbains et du « racinement » polaire des résidents, notamment la qualité de vie, la santé et le bien-être en ville polaire constituent les éléments clef de la ville durable. En Arctique, ce thème est désormais une question prioritaire pour les populations, les gouvernements locaux, régionaux et tutélaires. Thème Mobilité & Identité : Considérant l’urbanisation comme la mise en espace de la somme de quêtes individuelles de nouvelles opportunités, la ville s’affiche comme un pré-requis au développement. Il en découle l’hypothèse forte que les villes concentrent des populations jeunes et mobiles, voire « fluides » (on y vient pour travailler mais on ne s’y fixe pas à long terme) laquelle demande à être documentée. Les « transmigrances intrapolaires », les mobilités « Nord-Grands Nords » ainsi que les apports extrapolaires (Sud – (Grands) Nord(s)) forment un volet souvent non traité. Une mobilité à plusieurs échelles intègre les enjeux de la mondialisation dans la question urbaine polaire avec des migrations croisées : infranationales, intra- européennes, eurasiatiques nord-américaines ou mondiales (thaïlandais à Kiruna et Yellowknife, sub- sahariens à Hammerfest, ukrainiens à Noïabrsk, mexicaine à Fairbanks, somaliens à Inuvik…).
Year 2015

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