Description |
En Asie centrale postsocialiste, les mobilités internationales orientées principalement vers la Russie se sont considérablement intensifiées depuis l’effondrement du bloc soviétique en 1991. Ces circulations migratoires s’accompagnent parfois, au gré des aléas des trajectoires, de la mort des migrants. Le projet REFPoM s’intéresse aux questions que posent justement les morts en mobilité en Russie et en Asie centrale (Ouzbékistan, Tadjikistan, Mongolie).
Deux axes forts de recherche: les ajustements économico-rituels et la dimension politique liés à la «mort au loin«
Les nouvelles territorialités des morts en migration témoignent des circulations inédites dans la région de par leur intensité et leur forme, autant qu'elle incitent les sociétés à innover, à penser de nouvelles pratiques rituelles et économiques pour y faire face. Ce projet souhaite les analyser selon deux axes d’études : a. « Reterritorialiser ses morts. Impératifs symboliques, rituels et économiques ». Il s’agit d’analyser les modalités symboliques, rituelles et économiques de la reterritorialisation des morts en mobilité qui, dans la majorité des cas, incluent le rapatriement du corps du défunt. Ici, en Asie centrale, et là, en Russie, les contraintes institutionnelles, politiques et économiques, contribuent à la création par les migrants et leurs familles de pratiques rituelles et économiques d’ajustement. L’analyse des décès des migrants centrasiatiques en Russie permettra ainsi de saisir les enjeux soulevés par les pratiques symboliques, rituelles et économiques de reterritorialisation auxquelles ils donnent lieu. Plus généralement, elle contribuera aux recherches portant sur ces « morts déterritorialisés ». b. « Rituels funéraires, construction mémorielle et résistance politique » Ce 2e axe de recherche s’intéresse à la construction mémorielle et la dimension politique de ces pratiques rituelles transnationales. L'une des originalités du projet REFPoM réside dans l’approche politique du phénomène : il s’agit d’aborder le rituel comme le lieu d’une micro-politique qui permet de saisir, au-delà des transformations symboliques et familiales, la manière dont les migrations et les processus politiques actuels affectent les relations des populations à leurs institutions. Ici, les notions de « tactique » (Certeau et Giard 2010) et d’« infra-politique » (Scott 2006) nous serviront de point de départ théorique pour analyser les rapports entre les groupes sociaux (les migrants, leurs familles, etc.) et les institutions qui les gouvernent.
|